La prise de décision, tout un art !

8 mars, 2013   

« On verra bien! » La formule est un classique en période de crise. Bien des managers que l’incertitude désarçonne repoussent ainsi l’heure de vérité. Ils préfèrent laisser le système décider pour eux. Et vous? Votre job n’est-il pas de trancher en toute circonstance ?

En 2013, certains dirigeants n’osent plus prendre de décisions, comme tétanisés par le contexte économique difficile alors même que parfois leur société se porte bien. Ils ne manquent pourtant ni de compétences techniques, ni de capacités financières pour développer leur activité, mais  » simplement  » de force pour prendre un risque. Or, les managers ne se projetant plus dans l’avenir atermoient, semant ainsi la confusion dans les équipes. Cinq conseils clés pour éviter de s’enliser.

1. Se libérer de sa peur.

Vous êtes face à une décision importante. Vous craignez de vous tromper et d’avoir un retour de bâton de votre chef ou des actionnaires. Votre poste est-il vraiment en jeu? Votre réputation est-elle si fragile? Vos équipes sont-elles si méfiantes? Inutile d’envisager le pire. Vous avez déjà eu à trancher dans le passé. A quand remonte votre dernière décision majeure en matière de recrutement, d’innovation, de réorganisation ? Comment cela s’est-il passé? L’environnement n’était peut être pas meilleur et vous n’aviez pas flanché. Aujourd’hui, vous êtes dans l’émotion, l’anxiété. Rappelez-vous votre état d’esprit d’alors, les réussites qui ont suivi, les félicitations, le regard brillant des autres… Vous renouerez avec une combativité positive.

2.Mesurer les risques

Si vous restez dans l’incertitude, vous allez affronter deux types de dangers.

1/La tergiversation. L’indécision a un prix. Vous hésitez à procéder au recrutement de ce bon candidat ingénieur ? Le dossier du moment va traîner. Sentant vos doutes, les collaborateurs se démobiliseront. Et il vous manquera le renfort espéré.

2/ Ceux liés à un choix. Ils sont banals mais réels. Il faut vous isoler pour examiner le pour ou le contre d’une décision. Des outils peuvent vous aider. L’analyse SWOT par exemple vous permettra d’identifier les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces de la décision. Prenons le cas du recrutement. Louper un casting peut coûter jusqu’à six mois (cabinet, intégration, formation) et retarder les tâches mais le réussir peut rapporter des idées, de l’énergie, du temps etc. Et si l’enjeu est fort (le projet bêta peut faire des petits, etc.), soupesez les bénéfices. Autre astuce: placez-vous par la pensée tiré(e) par un élastique de chaque côté (dessinez-le) et interrogez-vous. Qu’est-ce qui me retient? Qu’est ce qui m’attire? L’avantage, c’est que ces phrases sont positives et qu’elles vous dynamiseront.

3. Casser le mythe de la « bonne décision ».

Vous avez aussi intérêt à questionner les experts et collaborateurs compétents afin de recueillir leurs avis sur une prise de risque. Ils nourriront votre réflexion. Plus vous aurez récolté de données, plus la marge d’erreur se rétrécira. Par ailleurs, fixez-vous une limite de temps pour vous déterminer : 2 heures ou 15 jours. Toutefois vous n’y parviendrez que si vous abandonnez cette croyance absurde qu’il y a une voie royale. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise décision. Il peut y en avoir plusieurs et il y a la vôtre. Ce qui compte c’est de s’être forgé une intime conviction (même si la majorité a une autre opinion) et de pouvoir la défendre.

4. Dire non, c’est aussi une décision

La réponse coule alors de source. Dire non peut être une bonne chose. Dans le fond, ça vous laisse la possibilité de dire oui… plus tard. En revanche, il faut justifier cette négation. Tel ce dirigeant au sein d’une société de conseil qui balançait entre créer un management intermédiaire ou continuer à piloter 14 agences en direct en France. Il a renoncé à la première hypothèse. C’était pour lui la moins mauvaise solution, son budget était trop juste et la négociation s’avérait ardue en haut lieu. Du coup, les gens ont su très vite dans quel cadre travailler et replonger dans l’action. Dire oui présuppose d’avoir raisonné et d’avoir une vision. Un coup de tête n’est jamais bon !

5. Explorer d’autres voies

Autorisez-vous à penser en dehors du cadre. Si vous respectez le timing et les finances, tout est envisageable Dans le cas d’un recrutement en suspens, vous pouvez opter pour un intérimaire de haut vol, plutôt qu’un CDI. Ou vous faire prêter main forte par un crack du service voisin ou encore sous-traiter une partie du projet ou le confier à une université partenaire etc. Soyez prêts à changer d’angle de vue, la décision en est souvent facilitée.

Article paru dans l’Entreprise – l’Express