Pourquoi j’ai envie de reprendre une entreprise ?

14 octobre, 2013   

La taille, l’argent, des évidences qui sautent aux yeux. Encore qu’en y regardant de plus près, toutes leurs conséquences ne sont pas nécessairement si évidentes lors de ce premier coup d’oeil rapide. La solitude, bon certes, mais finalement on peut aussi se sentir seul dans une foule. La prise de risque, ah oui ! Un pré-requis obligé. Encore faut-il ne pas s’y perdre corps et âmes et pouvoir la gérer. La stratégie, une évidence ! Surtout une fois que vous l’avez trouvée, après mûres et moultes observations, réflexions, et tergiversations : toujours un peu comme le jeu des 7 différences. Vous pouvez vérifier : demandez donc autour de vous quelle est la stratégie de votre vis-à-vis, vous risquez d’être surpris par sa réponse évasive, ou peut-être pas finalement maintenant que vous êtes averti. La présence sur le terrain, oui, bon, est-ce vraiment un problème ? C’est diffus, en inclusion dans tout le reste, flou, bref, dans le décor du dessin, imbriqué et finalement bien difficile à appréhender avant de s’y trouver confronté et que l’on vous aiguille un peu sur ses contours.
La seule vraie raison valable qui pousse à le faire. Pas le hasard, pas l’impérieuse obligation, pas l’autre qui vous pousse, pas l’absence d’alternative, pas… Ce qui fait que l’on saute le pas un jour pour une bonne raison, c’est la petite graine qui a été semée un jour dans votre cerveau, qui a grossi progressivement au point de vouloir enfin sortir.
> La plus grande aventure au quotidien, à la portée de tous ceux qui ont l’esprit d’un entrepreneur
Reprendre une entreprise de type PME, puis après, la diriger, tous ceux qui ont tenté l’expérience vous le diront, c’est tout simplement une aventure au quotidien, une aventure avant tout humaine. On défriche, on avance dans la jungle, on découvre des paysages inconnus, des hommes et des femmes d’exception, on rencontre toutes sortes de problèmes le matin que l’on doit résoudre avant la tombée du soleil, parfois plus tard…avant de s’endormir fatigué mais heureux d’avoir avancé.
Quand on commence à se poser des questions dans son poste, à effectuer machinalement les tâches que l’on vous demande de faire, ou tout simplement celles que vous avez l’habitude de faire, que l’on ne trouve plus de sens à ce que l’on fait, que l’on s’ennuie, que l’on se trouve en désaccord avec la nouvelle stratégie, ou ses chefs, alors on se met à penser à des horizons lointains, aux plages ensoleillées, les rêves de jeunesse resurgissent, on songe à plus de liberté…
Attention, je ne dis pas que l’on ne prend pas plaisir à faire ce que l’on fait quand on est dans un grand groupe. Cela offre beaucoup d’avantages, de sécurité et de perspective. Mais certains peuvent parfois se retrouver nettement contraints dans un grand groupe, à un certain moment donné et alors même qu’ils ont acquis une grande expérience. Même si l’on a pu vous donner, à un autre moment, une certaine liberté, ou une marge de manoeuvre, il est possible de vous la reprendre à tout instant.

Dans une PME, la seule contrainte acceptable est celle que vous vous fixez personnellement et non celle subie en permanence, dictée par d’autres.

Combien dans leur poste ont eu à faire du  » sale boulot « , parce qu’ils étaient de bons petits soldats, consciencieux, et parce que la hiérarchie le leur avait demandé, au non de l’intérêt général ou plus souvent de leur propre intérêt. Fermer une usine parce que la direction du groupe l’avait décidé. Ne pas pouvoir récompenser ses équipes à ce qu’on estimait leur juste valeur ou celle de l’effort consenti parce qu’  » il n’y pas d’enveloppe pour cela  » ou qu’  » elle a déjà été utilisée ailleurs « . Arrêter net un projet sur lequel vous avez donné beaucoup d’énergie et su motiver vos équipes parce que ce n’est plus la priorité des nouveaux actionnaires. Faire et défaire ce qui vient juste d’être fait parce que la stratégie a changé en même temps que l’équipe de direction. Attendre la nouvelle stratégie pour repartir, y croire ou ne plus y croire, ne pas l’avoir comprise, ou tout simplement ne pas avoir été mis dans la confidence. Etre exclu de réunions où cela vous semblait pertinent d’assister… L’injustice ressentie parce qu’imposée.
Encore une fois, même si ce n’est pas tout le temps le cas (fort heureusement !), dans un grand groupe on peut être également amené à prendre des décisions contraires à ses valeurs, tout simplement parce qu’on est pris dans la mouvance. On peut être amené à changer radicalement de direction, de stratégie, à devenir contreproductif, tout simplement parce que la direction a changé, l’actionnariat a changé, votre chef, votre N+1 a changé… autant de contraintes subies et parfois mal vécues. On peut même être amené à accepter une fonction qui ne vous correspond pas, pour laquelle vous n’avez pas d’appétence ni de prédispositions, tout simplement parce qu’  » on ne refuse pas une belle promotion « , un poste, une responsabilité nouvelle, considérée comme une faveur, même si au plus profond de vous-même vous savez bien que vous ne vous y sentirez pas bien. Parfois que de frustrations !
> Vous avez le pouvoir de décider que tout cela, c’est fini : vous pouvez décider de reprendre une entreprise
Dans un grand groupe, même à un niveau élevé – et on ne s’en aperçoit que quand on y parvient, donc moins jeune -, finalement il y a assez peu de place pour l’initiative individuelle, sauf dans un cadre défini, et c’est normal parce que tout le monde doit tirer dans le même sens.
Etre trop bridé dans ses choix peut devenir frustrant. En milieu de carrière, c’est souvent l’heure des questions existentielles : finalement ai-je fait ce que je voulais faire ? ce que j’avais envie de faire ? ce que j’ai toujours rêvé de faire quand j’étais jeune, étudiant, prêt à refaire le monde et me battre contre les moulins à vent : l’ai-je fait ? Est-il encore temps ?
OUI, OUI et OUI ! Passez à l’acte. Rachetez donc l’entreprise dont vous avez toujours eu envie au fond de vous. C’est le moment.
Vous pouvez être le seul maître à bord d’un plus petit navire, d’un parfois beaucoup plus petit navire, d’une barque, mais quelle barque ! A vous la liberté. Etre à la fois le principal (le seul) actionnaire et décider de la stratégie, la vôtre, et pouvoir la mettre en oeuvre. Le premier des choix est celui de la barque ou du petit navire. D’abord un choix de vie future, de type d’aventure, celle qui vous convient le mieux. Le second choix est celui de la destination puis vient celui du cap.
Vous pouvez choisir de faire ce que vous avez toujours eu envie de faire sans jamais oser sauter le pas. Partir à l’aventure, s’extirper des contraintes subies pour vous orienter vers les contraintes choisies. Donner un nouveau sens, peut-être même du sens tout court à votre parcours professionnel, prendre un bol d’adrénaline au quotidien, matin, midi et soir. Vous faire un peu peur, sans vraiment de parachute, mais pour une bonne cause, la liberté d’entreprendre.
> Le luxe suprême, le graal de l’entrepreneur, celui du libre choix
Vous pouvez même, je vous le souhaite, même si cela ne viendra que plus tard, choisir vos clients, ceux avec lesquels vous avez envie de travailler et refuser ceux qui perturbent continuellement vos équipes. Vous pourrez prendre du plaisir à concevoir des produits utiles, beaux, qui plaisent à vos clients et qui donc vous plairont, ou même parce qu’ils vous plairont d’abord, ils plairont à vos clients et se vendront (presque) tout seuls. Vous prendrez plaisir à faire du sur-mesure et à voir vos clients satisfaits et vos collaborateurs heureux de bien faire leur travail, un travail qui a du sens et dans lequel ils pourront aussi prendre du plaisir. Oui, dans la PME, cela existe !


Pouvoir choisir ses clients, ceux avec lequel on a envie de travailler, ou pour lesquels toute l’équipe se motive est un luxe sans comparable qui ne peut être côtoyé dans un environnement où les indicateurs de performance sont uniquement tournés vers la croissance du CA ou du résultat et la peur de faire moins au trimestre suivant.
Finalement, n’est-ce pas cela le véritable luxe ? Pouvoir travailler avec des gens que l’on a choisis, que l’on voit évoluer ? Progresser avec l’ensemble de l’équipe et de l’entreprise, satisfaire ses clients, se retourner et voir ce que l’on a accompli… se retourner à nouveau et voir ce qu’il reste à accomplir ? Le luxe d’avoir le choix, la liberté d’avoir le choix, d’être maître de ses choix et d’en assumer pleinement les conséquences.
Vous prendrez du plaisir à distinguer quelles sont vos décisions qui permettent d’avancer, d’innover, de croître, plaisir auto-alimenté. Et bien entendu vous éviterez progressivement de prendre les autres. Vous aurez du plaisir à voir le vent s’engouffrer dans les voiles correctement tendues et à progressivement prendre de la vitesse.
Si l’environnement change, si l’orage gronde ou si le vent s’arrête brusquement, à vous de vous adapter et d’adapter les équipes et la voilure, mais en fonction de ce que vous désirez, sans renier vos valeurs ni vos objectifs.
La liberté d’entreprendre qui donne du sens, car finalement tout est possible, l’imagination et la créativité deviennent sans limites. Quitte à consacrer beaucoup de temps et d’énergie à son travail, autant que cela devienne un plaisir, du pur plaisir ! Source : L’Entreprise